lundi 12 février 2007

Mes intentions...


En fouillant dans mon disque dur, je suis tombé par hasard sur ma première note d'intention du film VHS Kahloucha, c'est le document qui servait à "vendre" le film quand il est présenté aux commisions d'octroi d'aides et au festivals.
Ces deux pages ont été écrites à un moment où on ne savait pas encore si le film serait un jour vu ou bien diffusé au public. Une période où on se bataillait pour trouver des financements pour le film, où peu de monde y croyait, C'était la période des doutes, énormes. Et c'est très curieux de relire ça aujourd'hui, après tout ce qu'on a vécu jusque là, quelle aventure.
Là, je pars ce week end à Aïn Drahem pour écrire le prochain. Je crois que ce n'est pas un hasard si je suis tombé sur ce document ce soir...
Bonne lecture.



Note d’intention du réalisateur

Quand on m’a parlé pour la première fois de Moncef Kahloucha je n’avais pas pris l’histoire et le personnage au sérieux, un rigolo de plus m’exclamai-je ! et puis une affiche de son dernier film « Dracula » en 1999 m’avait incité à partir le voir sur place.
En arrivant, la première chose que j’ai vu de Kahloucha était lui et quelques voisins du quartier en train de discuter avec le médecin légiste autour d’un cadavre fraîchement découvert. En voyant le dévouement de ses acteurs et leur implication j’ai commencé à m’intéresser de plus en plus à l’histoire et au personnage, singuliers dirai-je !

C’est le quartier avec ses contrastes sociaux et ses habitants qui m’ont le plus fascinés. Des habitants dont la vie dure contraste violemment avec le sourire qu’ils affichent au premier venu. Il se dégage de ce quartier une fraîcheur et une joie de vivre indéniables.

Des personnages aussi divers que Khalti M’na qui travaille la laine devant chez elle et qui joue dans les films de Kahloucha contre la volonté de son mari ; Khmaies, le dandy du quartier gominé âgé de 70 ans et qui fait la promotion des films de Kahloucha avec son vieux mégaphone dans les rues du quartier. Castor qui sacrifie son jour de congé pour jouer dans une scène ou le personnage principal, kahloucha le justicier, lui casse la gueule. Mourad Fokhra, ex-taulard, qui fait l’acteur contre une bière et quelques cigarettes comme cachet… Autant de personnages insolites mais réels et qui sont les stars du quartier et des productions de ce rêveur.


Avec un sac bourré de gadgets allant du revolver magnum aux menottes, du sabre au déguisement de Dracula, Kahloucha et son cameraman Lassaad écrivent leur fiction au fur et à mesure qu’ils filment les scènes. Cette méthode donne naissance à des films certes décousus d’un point de vue professionnel et qui prêtent plus au sourire qu’à autre chose. Mais ces mêmes films véhiculent une grande idée : celle de la catharsis de tout un quartier qui, le temps d’un film, arrive à se soustraire d’un quotidien rude et pas toujours rose.

Voir l’excitation du quartier autour de la sortie d’un nouveau film de Kahloucha et l’enthousiasme des gens qui vont au café le jour J pour regarder une nouvelle aventure de ce dernier, voir les femmes du quartier s’indigner car elles n’ont pas accès au café, lieu exclusivement masculin, et demander une projection pour elles ne peut que confirmer que son cinéma, aussi primaire et rudimentaire qu’il soit, peut être une sorte de thérapie collective contre la morosité.

Une des réflexions qui m’a marqué était celle où Kahloucha raconte comment il conçoit le cinéma : réaliste et vrai jusque jusque dans ses détails les plus infimes. Une fois, pendant un tournage, Kahloucha voulait faire voler sa cravate dans le vent lors d’une course poursuite, le cameraman lui faisant savoir que ça demande tant de trucages de moyens et d’effets spéciaux, Kahloucha s’exclama : « quand j’étais gosse je croyais que tout ce que je voyais dans les films était vrai, quel choc quand j’ai su que tout le cinéma n’est que mensonge et trucage. Moi, je crois à un cinéma vrai où je ne mens pas aux gens, là où le sang est sang et là où un coup de poing laisse un vrai bleu sur le visage de l’acteur. J’ai plus de mérite que Hollywood ! »


A regarder de plus près les films de Kahloucha on remarque que ses thèmes de prédilection sont la vengeance, la rédemption, la loyauté… autant de thèmes empruntés aux western et aux films policiers de série B des années 70. ceci se reflète surtout dans son dernier film « Tarzan des arabes » : un « Crocodile Dundee » revu et corrigé à la sauce polar, et qui se termine par une série de vengeances orchestrées par un Tarzan désormais civilisé et intégré dans une société arrogante, violente et corrompue.


Notre histoire raconte l'histoire, c'est l'histoire d'une passion vraie, sans fards, vive, partagée...

11 Comments:

Anonyme said...

C'est sincère, frais et vrai!
Espérons que le prochain sera dans la même veine...
Keep workin' Nejib! et ne prête pas attention aux mauvaises langues (mais tu le sais peut être déja :))
à+!

Anonyme said...

Tres touchant et tres vrai.Ceci fermera la bouche a plusieurs j'espere...Courage pour l'ecriture du deuxieme!Ma sabni 3wina 3ala 3in drahim ca doit etre super beau a cette periode de l'annee.
Moimeme

Unknown said...

Kahloucha ne cesse de nous inculquer des leçons de vie, aussi intellectuel soit-on. Ce personnage nous démontre que vivre son rêve c'est possible ; mobiliser ses énérgies pour vivre son rêve c'est possible ; faire participer son entourage et patager avec eux son rêve c'est aussi possible. Le rêve c'est un idéal, l'idéal et personnel, le personnel est subjectif et le subjectif c'est de l'émotion. Et c'est cette émotion, qui génère de l'énergie et motive la gente.

Unknown said...

good luck amigo !!!
;-)

Desperate Girls said...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Desperate Girls said...

salut Nejib
C'est tres touchant et sincere!Comme quoi,dans la vie il faut toujours y croire.
J'espere que ton prochain film connaitra un succés encore plus grand que celui de kahloucha!
on croise les doigts pour toi

Ouss said...

C cool tout ça...bon je crois que rien ne vient par hasard,parfois il y a des petits signes qui débarquent en ne font un petit clin d'oeil et c'est à nous d'en profiter...

Anonyme said...

Salut mon poussin, je suis ravie de te retrouver, car mon grand Balki, tu fais partie de quelques uns de mes meilleurs souvenirs de vacances…ton film « sonne grand », il fait du bruit, à tel point que j’en ai entendu parler dans mon petit patelin du nord: Paris…plus vite que les kabyles téléphoniques, le téléphone arabe, le gsm tunisien ! j’ai hâte de venir t’applaudir à une avant-première française, et de déboucher le champ'; beaucoup de gens souhaitent de rencontrer déjà…et notamment un certain musicien fou de talent, auteur, compositeur, interprète (http://www.myspace.com/seifsounds) , bises, à très vite !

Raya http://www.myspace.com/raya4real

Anonyme said...

Salut nejib pour ma part j'ai toujours considéré kahloucha comme étant l'Ed Wood tunisien, mis appart tout ce que représente ce personnage dans son quartier et le rêve collectif qu'il réalise avec ses copains de » kazmet « , je trouve que ce personnage nous incite à faire une réflexion sur l'art d'une manière générale et sur le cinéma en particulier, à savoir si la crédibilité artistique du Cinéma se mesure par la sincérité, exp : les films de kahloucha qui sont fais avec un véritable amour, ou par les supers productions de l'industrie hollywoodienne ?

Anonyme said...

bizzar un fort courant m'emporte à te connaitre mieux najib c'est carmella85@hotmail.fr je sais que c'est débil ,mais pardonnez ma maladresse.

Anonyme said...

Bonjour,

Je viens de tomber sur votre blog en faisant des recherches sur le documentaire que j'ai vu sur ARTE l'an passé "le tarzan des arabes", j'ai eu un coup de coeur pour cette petite réalisation, et désorùais je cherche désespérement où l'acheter!! Pourriez-vous me venir en aide??
Merci! ;-)
sarahaich@hotmail.com